Hello Hello !
Welcome dans ma newsletter, je m'appelle Mathilde, et j'ai un blog depuis plus de 10 ans qui s'appelle Le Blog de Mathilde. Vous me connaissez peut-être via les articles de voyage que j'ai écrits pendant des années, par mon blog de yoga, ou par mes récits de vie à l'étranger - je vis à Boston depuis 2012. Vous êtes peut-être abonné.e de longue date ou vous venez juste d'arriver. Dans tous les cas, bienvenues !
J'ai vendu mon entreprise de visites guidées Boston le nez en l'air à l'automne 2021 (elle existe toujours, avec un autre gérant), je reprends tranquillement la route du blog, sans forcément bien savoir ce que je vais en faire pour le moment, et, accessoirement, je viens d'avoir un bébé.
Toutes les semaines depuis début avril 2022, je partage une newsletter hebdomadaire gratuite (celle que vous lisez en ce moment même) dans laquelle je partage quelques news sur mes activités professionnelles ainsi qu'une chronique, parce qu'écrire, c'est probablement ce que je fais de mieux, ou en tout cas ce que je préfère faire.
Dans les news du moment :
Début mai, j'ai publié un tout nouvel ebook sur le Freedom trail, c'est, à ma connaissance, la seule ressource en français 100% originale sur le sujet : munissez-vous de ce guide si vous venez à Boston
En avril, j'ai mis à jour l'ebook Visiter Boston, 50 fiches pour découvrir la ville, le sujet inclus le Freedom Trail mais pas seulement, il y a 49 autres idées de découvertes. Pour l'acheter c'est par ici, et pour plus d'infos, découvrez-le par là.
J'ai aussi récemment mis à jour les 3 e-magazines de l'été : Cape Cod, Cape Ann et Block Island. Si vous prévoyez des vacances en Nouvelle Angleterre, ce sont les mini-guides à avoir
Je publierai à présent l'article du mercredi, le 5 things, une fois toutes les deux semaines, rendez-vous le mercredi 1er juin pour le prochain épisode. Vous avez le temps de rattraper votre éventuel retard sur les derniers articles : ils sont tous réunis dans cette rubrique
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Place maintenant à ma chronique de la semaine, inspirée par la newsletter de l'économiste Emily Oster du lundi 23 mai, qui portait sur le concept de pénalité maternelle.
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Je cours après le temps. J’essaie de publier un article le mercredi sur le blog (c'est un échec cette semaine), une newsletter le vendredi. J'avance un peu tous les jours sur un nouveau gros projet. Et j'essaie de maintenir un semblant de présence sur les réseaux sociaux.
Je cours après le temps, et pourtant, j’ai une nanny qui m'aide depuis début avril pendant quelques heures le matin. On a aussi une équipe de ménage qui vient une fois toutes les deux semaines cleaner tout l'appart. Ca n'empêche pas de passer l'aspirateur trois fois par jour autour de la table de cuisine où s'éparpillent divers morceaux de légumes, pain, fruits - ma fille teste la gravité, et notre patience. Manu fait sa part quotidienne à prendre soin de notre fille. Lui, comme moi, n’avons pas beaucoup de temps libre, en solo, à deux, et encore moins avec des amis. On grappille du temps comme on peut.
La semaine passée, les parents de Manu étaient de visite pour la première fois depuis la naissance de notre fille, et on a eu droit à 3 soirées rien qu’à nous : "sortez, ça vous fera du bien". Un des soirs j'aurais préféré manger une tartine en regardant une série dans le canapé, mais ils avaient raison : on avait besoin de cette respiration. On est sorti. C'était génial de se retrouver dehors, à deux, en même temps, le soir.
Même si j’ai mis en place des solutions pour me dégager le plus de temps possible, une partie de moi est frustrée de ne pas pouvoir avancer plus solidement sur mes projets, de ne pas arriver à cet état de “deep work” car je suis sans cesse coupée dans mon travail (concept emprunté à Cal Newport, j'avais parlé de ses livres dans cet article). Je voudrais avoir du temps de qualité pour moi, pour travailler - sachant que mon travail est en train de se créer, c’est la magie de la vie en free-lance, et je voudrais aussi du temps de qualité avec ma fille, c'est non-négociable. Je ne voudrais pas me sentir aussi frustrée de faire à moitié chaque chose.
La newsletter du 23 mai 2022 d’Emily Oster porte sur le concept de “Motherhood penalty”, la pénalité maternelle, et quand je la reçois, lundi matin, elle tombe à pique pour alimenter mon ressenti du jour.
Emily Oster est une économiste à l’université de Brown. Dans sa newsletter et dans ses livres, elle pose des questions sur la parentalité et y répond en s'appuyant sur des données chiffrées et des études. Pour moi qui aime agir spontanément et dans l'émotion, c'est à l'opposé de ma façon de faire, et je crois que c'est pour ça que j'apprécie autant ce qu'elle propose. Dans sa newsletter du jour, elle parle de la difficulté d’être un parent qui travaille, pendant l’ère Covid, aux Etats-Unis, et à quel point ça a été complexe de tout combiner. Elle ajoute qu'équilibrer travail et garde d’enfant a causé plus de tort aux femmes qu'aux hommes.
Cela dit, le Covid n’a fait que souligner un problème déjà existant : celui qu’avoir des enfants influence plus (en la freinant) la carrière des femmes que celle des hommes. Et moi quand je lis ça, ça m’énerve au plus haut point. Mon couple, aussi moderne soit-il, tombe dans ce cliché. Et ça m’énerve donc doublement.
On pourrait argumenter en disant que notre cas est particulier - on vit à l’étranger loin de toute famille pour prendre le relais, on a attendu longtemps notre enfant et je voulais rester avec elle pendant un moment pour en profiter, je viens de vendre mon business et je suis en période de “reconversion”. Toutes ces conditions me poussaient à rester avec elle.
Mais à chercher les particularités, on oublie la “bigger picture” et, que je le veuille ou non, on tombe dans le cliché : Manu, mon conjoint, a un travail salarié bien rémunéré, et moi, grâce ou en dépit de la flexibilité de mon travail free-lance, je me retrouve à m’occuper plus de notre fille, ainsi qu’à être responsable de la recherche des solutions de garde. La carrière de Manu continue d'avancer, il a obtenu plusieurs promotions et augmentations dans les dernières années. Et moi ? Not so much.
Manu est toujours ok pour en discuter, pour remettre les choses à plat régulièrement et revoir sa façon de travailler. Malgré tous ses efforts et sa bonne volonté, le cliché persiste, peu importe dans quel sens on regarde le problème.
Alors je lis l’article d’Emily Oster, car je voudrais comprendre d’où ça vient. Je retranscris et résume ce qu’elle explicite en détails - l'original en anglais est à lire ici.
Elle part d’un fait documenté depuis des années : la rémunération et l’emploi des femmes baissent après la naissance d'un premier enfant, plus que pour les hommes. Et les taux sont assez importants : il peut y avoir une baisse entre 27 et 42% aux Etats-Unis (c'est notamment dû au fait que le congé parental n'est pas généralisé, mais pas seulement). Ce qui est vrai ici en Amérique, l’est aussi en Suède, par exemple, qui est pourtant une société plus égalitaire. Par ailleurs, cette baisse dans les revenus et l’emploi est valable à tous les niveaux de la société, même les personnes les plus éduquées n'y échappent pas.
La question est alors : pourquoi ça arrive, et que peut-on faire pour y remédier (si on peut faire quelque chose) ?
Certaines femmes choisissent d’élever leurs enfants et de ne pas travailler. D’autres femmes voudraient retourner travailler, mais n’ont pas un travail assez flexible, ou n’ont pas trouvé de solutions de garde, ou ont d’autres fardeaux sociétaux qui les empêchent de faire ce qu'elles souhaitent. C'est pour ces deuxièmes, pour qui rester à la maison est une contrainte, qu'il faut mettre en place des lois, des aides, pour que ce soit un vrai choix (retourner ou pas au travail / s'occuper ou pas à temps complet ou partiel de ses enfants).
Dans mon cas, c’est un mélange de choix et de contraintes (et c'est sûrement le cas pour beaucoup de monde). Je voulais m’occuper de ma fille le plus longtemps possible après sa naissance (après avoir dit que je retournerais travailler au bout de 3 mois - mais ça, c'est une autre histoire). C’était mon choix, en partie motivé par la joie de rester avec elle, mais aussi par la contrainte que... je pensais ne pas avoir d'autre option que de rester avec elle.
Je n’avais pas quelqu'un de confiance (une mère ou une belle-mère, une soeur, une tante, une cousine - je cite délibérément des femmes) pour venir nous aider, je n'avais même pas le temps ni l'espace mental de chercher une crèche, et pendant les temps de Covid (masques pour le personnel, tests sur les enfants...), cette solution ne me semblait pas adaptée à ce que je voulais offrir à ma fille. Sans alternative acceptable, j’ai fait ce choix de la garder avec moi et de retarder mon retour au travail. Je me disais qu'en tant que freelance, ça pouvait attendre. J'ai eu quelques contrats autour de ses 6-9 mois qui me donnaient l'illusion d'un frémissement de reprise, mais tout petit en comparaison de ce que je faisais avant.
Dans notre société, le travail aujourd’hui est organisé de telle façon qu’il est plus simple pour une seule personne dans un couple de réduire drastiquement son temps de travail, plutôt que les deux personnes du couple diminuent de 20% leur charge de travail, par exemple (ce fait a blowé my mind). Ce passage à la réduction du temps de travail est, dans la pratique, majoritairement assumé par les femmes. La fin de l'article d'Emily Oster porte sur des exemples de directives politiques genrées qui ne fonctionnent pas, et d'autres - comme la généralisation du congé parental, qui marchent.
La semaine avec mes beaux-parents s’achève : j'écris ces mots au moment où Manu les raccompagne à l'aéroport, et vite vite, j'en profite pour squeezer un petit moment d'écriture.
Je n'ai pas pu m’empêcher, pendant ces quelques jours ensemble, de remarquer à quel point ma belle-mère s’occupe de tout pour son mari, mais vraiment de tout. Ils sont d'une autre génération. Je me questionne sur moi, sur Manu : "on n'est pas comme ça nous ?" Certes, Manu sait changer les couches de sa fille, l’endormir, lui préparer un repas équilibré, ne pas oublier sa gourde d’eau quand ils vont au parc, quels sont ses jeux et livres préférés. Malgré toutes ces différences avec la génération précédente, on est quand même dans ce cliché de la femme (moi) pour qui la carrière est à l'arrêt après la naissance d'un premier enfant, tandis que la sienne continue de monter en flèche.
Je vois la perspective de la crèche en septembre comme une première solution plus durable et équilibrée pour moi, pour nous. Je sais que j'aurai mille raisons de me dire que non, j'ai encore envie de rester avec elle plus longtemps, elle est si petite... mais je sais, deep down, que je suis mieux si je dose mon temps et que j'en garde pour moi aussi, ce qui inclut, travailler.
Pour finir, en ce qui concerne ma course avec le temps, j'ai décidé à partir de maintenant de ne publier cette newsletter qu'un vendredi sur deux, et l'article des 5 things qu'un mercredi sur deux (merci à ma coach de m'avoir fait voir cette perspective). Mes chères lectrices et lecteurs, vous aurez toujours quelque chose à lire ou à picorer, et moi je pourrais mieux déployer mon énergie.
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✎ Je n'attends pas de conseils et encore moins de messages positifs comme "you got this" : je suis là pour raconter une tranche de vie et partager les réflexions que ça m'inspirent via, dans ce cas, la lecture de cette newsletter d'Emily Oster. Mon but ici est de divertir, d'informer, de questionner.
Si vous voulez me répondre, vous pouvez répondre sous cet article, vous pouvez par exemple témoigner sur votre histoire et votre ressenti par rapport à cette thématique de la pénalité maternelle.
Je lis tous vos messages, je suis toujours curieuse de lire vos réactions et vos commentaires, même si je ne prends pas toujours le temps de répondre à tout le monde, sachez que vous serez lu.e.
Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui, bonne fin de semaine !
Pour celles et ceux aux Etats-Unis, Happy Memorial Day weekend.
-Mathilde